Localisation de l’expérience
L’expérience se déroule dans la zone d’intervention du Projet de Gestion participative des Ressources naturelles et de Développement rural du Nord, du Centre-Nord et de l’Est dit Projet Neer-Tamba. La zone d’intervention du Projet Neer-Tamba est matérialisée sur la carte ci-dessous.
Brève présentation du Projet Neer-Tamba
Le Projet Neer-Tamba est la structure porteuse de l’expérience de la « Constitution de sites de réserve : une solution à la poursuite des activités d’aménagement et de mise en valeur en cas d’abandon des sites initiaux pour cause d’insécurité ».
Le Projet Neer-Tamba est mis en oeuvre par le Gouvernement du Burkina Faso, avec l’appui financier du Fonds international de Développement agricole (FIDA), du Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) et la contribution des populations bénéficiaires de ses interventions.
L’objectif global du Projet est d’améliorer les conditions de vie et les revenus des populations rurales les plus défavorisées. Son objectif spécifique est d’appuyer les populations cibles à construire et renforcer leur autonomie et leurs capacités à jouer un rôle moteur croissant, pleinement reconnu par les autres acteurs, dans la construction d’un tissu économique et social durable. Il intervient sur trois (3) axes à savoir :
D’une durée de huit (8) ans le Projet a effectivement démarré ses activités sur le terrain en 2015. Il est structuré en quatre (4) composantes, dont la première concerne les Petits aménagements fonciers. Cette composante comprend deux (2) volets : un volet aménagement et un volet foncier.
Le volet aménagement concerne les réalisations d’aménagement de bas-fonds, de périmètres maraîchers, la récupération des terres dégradées à l’aide des techniques CES/DRS et la récupération de terres dégradées à vocation sylvo-pastorale ou agricole par des techniques mécaniques et/ou biologiques.
Le volet foncier s’organise autour de l’appui à la diffusion et à l’appropriation des textes par les acteurs locaux et au processus de sécurisation foncière.
La deuxième composante concerne l’intensification des petites exploitations et la valorisation de leurs productions à travers la diffusion de bonnes pratiques et le financement d’initiatives et innovations locales.
La troisième composante est relative à la structuration des acteurs et leur mise en réseaux.
Enfin, la composante 4 est relative à l’administration et le suivi-évaluation. Elle est transversale et est assurée par l’UGP.
Le coût total initial du Projet est de 84.6 millions de dollars des Etats Unis. Il a bénéficié à partir de 2017 d’un financement additionnel du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) pour intégrer un programme pilote d’approche intégrée de sécurité alimentaire (PAI-SA) d’un montant de 5, 3 milliards de F. CFA.
Ce programme pilote est destiné à supporter la mise en oeuvre d’actions environnementales dans la région du Nord.
Les principaux partenaires de mise en oeuvre du Projet sont les Chambres régionales d’Agriculture (CRA) et les services techniques centraux et déconcentrés de l’Etat.
Brève présentation du contexte
En exécution depuis 2014, le Projet Neer-Tamba a connu à partir de 2015 de nouveaux défis dans sa mise en oeuvre en raison du contexte sécuritaire difficile auquel est confronté le pays depuis cette date. En effet, la situation d’insécurité a entraîné de nombreuses conséquences dont des déplacements de populations. Le Projet a aussi été affecté par cette situation, à travers des retards enregistrés dans la mise en oeuvre de certaines de ses activités.
La stratégie du Projet pour toutes ses composantes et sous-composantes et singulièrement pour la sous-composante Aménagement repose sur une approche à la demande des bénéficiaires. Les premiers aménagements ont été conduits entre 2016 et 2017 sans difficultés. C’est à partir de 2018 que le phénomène d’insécurité a occasionné le déplacement massif des populations, abandonnant les sites de production aménagés et mis en valeur par le Projet.
Aussi, le Projet a dû, avec les différents acteurs de mise en oeuvre et les bénéficiaires de sa zone d’intervention, prendre des mesures pour s’adapter à la nouvelle situation et poursuivre la mise en oeuvre de ses activités malgré le contexte d’insécurité. C’est ainsi qu’est née l’idée de la constitution de sites de réserves comme solution à la poursuite des activités d’aménagement et de mise en valeur en cas d’abandon des sites initiaux pour cause d’insécurité.
Genèse de l’expérience : origine, initiateur, objectifs initiaux
L’expérience est née de la dégradation de la situation sécuritaire dans la zone d’intervention du Projet et de la volonté de l’Unité de Gestion de Projet (UGP) et des autres acteurs de mise en oeuvre à savoir, les Chambres Régionales d’Agriculture (CRA), les Services techniques Déconcentrés (STD), les prestataires et les bénéficiaires, de réaliser les objectifs du Projet malgré le changement du contexte de mise en oeuvre.
Dans l’optique de toucher les populations les plus démunies et de concentrer ses interventions dans les zones les plus vulnérables au niveau des trois (3) régions d’intervention, le Projet Neer-Tamba a élaboré une stratégie de ciblage en 2017.
La stratégie de ciblage pour les aménagements prévus, reposait sur un certain nombre de zones choisies parmi les plus vulnérables et disposant d’un potentiel aménageable déjà clairement identifié. Ces zones étaient définies sur la base de critères liés à l’incidence de la pauvreté monétaire et à l’insécurité alimentaire.
Les sites initiaux à aménager étaient sélectionnés dans ces zones.
Cette stratégie a permis d’identifier au départ trente-huit (38) communes vulnérables sur 86 communes de sa zone d’intervention. Ces communes vulnérables étaient prioritaires par rapport aux aménagements fonciers.
Cependant, l’insécurité a contraint les bénéficiaires à quitter leurs localités, compromettant ainsi la poursuite des actions du Projet dans ces zones. En effet, avec l’abandon des sites ou l’inaccessibilité de certains sites initialement sélectionnés pour recevoir les investissements en aménagements, les prestataires ont aussi progressivement déserté les villages touchés par l’insécurité.
De 2018 à 2022, près de 52 communes sur les 86 de la ZIP ont été touchées soit 60,4%.
C’est ainsi qu’en 2018, la stratégie de ciblage a été revue en guise de mécanisme d‘adaptation à la situation sécuritaire dans le but d’une poursuite des activités, notamment celles en lien avec les petits aménagements fonciers.
Les objectifs initiaux d’aménagements de sites fixés par le Projet étaient :
Trajectoire de l’expérience
Actions / dispositifs / services mis en place
Description – Fonctionnement
De la prévision de sites de réserves dans la planification opérationnelle
Des sites supplémentaires ont été constitués dans les bases de données des Commissions de présélection des projets (CPS) et d’Approbation de projets (CAP), en prévision d’éventuels aléas, liés à la situation sécuritaire ou à des conflits fonciers.
Du remplacement de sites d’aménagement par des sites de réserve en cas d’abandon des sites initiaux
Lorsque l’aggravation de la situation sécuritaire entraînait l’abandon d’un site initialement retenu, un nouveau site est sélectionné parmi les sites de réserves des bases de données des CPS et des CAP. Le nouveau site de remplacement faisait l’objet d’études complémentaires conduites par les équipes techniques de l’UGP (Cellule Aménagement), en association avec celles des prestataires d’appui à la maîtrise d’ouvrage (PAMO) et les bureaux de contrôle.
La sensibilisation, anticipée et diligente, des propriétaires terriens et des élus locaux des nouveaux sites de remplacement sur les questions foncières, la réalisation des négociations d’ententes foncières pour les nouveaux sites de remplacement, avec l’implication des autorités coutumières et les collectivités locales, ont facilité le déploiement de ce mécanisme dans toute la zone d’intervention du Projet.
De la valorisation des compétences internes et externes du Projet pour la réalisation d’études complémentaires
L’expertise endogène au Projet (Cellule Aménagement), et celle externe des PAMO et du bureau de contrôle ont été mobilisées pour la réalisation et la validation des études techniques des sites de remplacement.
En effet, les agents techniques de l’UGP et des PAMO ont été mis à contribution pour la réalisation d‘études simplifiées sur ces sites de réserve ou de remplacement lorsque ceux-ci n’avaient pas encore fait l’objet d’études techniques. Des paysans aménagistes ont également été mobilisés sur les sites afin de venir en appui aux producteurs.
Un gain de temps a ainsi été observé dans la réalisation des études, mais aussi une réduction du coût des études techniques.