ECHANGES ENTRE PROJETS APPUYES PAR LE FIDA Le RePER du Tchad a visité le Projet NEER-TAMBA au Burkina Faso
Trois (03) cadres du Projet de Renforcement de la Productivité des Exploitations agropastorales, familiales et Résilience (RePER) de la République du Tchad ont effectué une visite d’échanges d’une semaine auprès du Projet de Gestion participative des ressources naturelles et de développement rural du Nord, du Centre-Nord et de l’Est (Projet Neer-Tamba) au Burkina Faso. Visites de réalisations dans les régions du Centre-Nord et du Nord, échanges avec les différents acteurs, partenaires et prestataires du Projet ont constitué le menu de cette visite d’échanges.
La visite d’échanges visait les objectifs ci-après :
- échanger avec les Responsables et principaux acteurs du Projet Neer-Tamba sur les aménagements hydro-agricoles (petite irrigation, CES/DRS, pistes rurales, magasins de stockage) en cours et réalisés tant au Tchad qu’au Burkina, au profit des petits producteurs agricoles avec une explication et une vue globale de l’ensemble des démarches et des procédures ;
- visiter quelques sites aménagés de manière à s’en inspirer, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet RePER ;
- échanger directement avec les exploitants des sites agricoles visités et surtout avec les comités de gestion et d’entretien, quelques ONG ayant accompagné le processus de mise en œuvre ;
- obtenir des informations sur les coûts unitaires des différents types d’infrastructures pour les différentes zones et si possible par bailleur de fond au courant des dernières années.
A la suite d’une session de cadrage qui a regroupé les trois (3) cadres du RePER autour des responsables de cellules et de composantes sur Projet Neer-Tamba, la mission a pris la direction du Centre-Nord. Pendant deux (2) jours, différents sites ont été parcourus. Le premier jour, avant d’aller sur les sites aménagés, la mission a été reçue par le SG de de la Chambre Régionale d’Agriculture du Centre-Nord (CRA-CN) dans les locaux de la CRA CN. Une rencontre d’échanges a eu lieu entre les cadres de la CRA CN, du Prestataire d’Appui à la Maîtrise d’Ouvrage (PAMO), des Opérateurs d’Appui Conseil (OAC), de la Direction Régionale de l’Agriculture, des Aménagements Hydroagricoles et de la Mécanisation (DRAAHM) avec l’équipe du Projet RePER. Au cours de cette rencontre, une présentation sur la CRA CN et de ses attributions a été assurée par monsieur ZALLE Arouna, Chargé de Communication de ladite CRA. Ensuite, une présentation du Projet RePER a été faite par Monsieur MBAIWANOUDJI Isidore, Responsable des Aménagements Hydro-agricoles et Infrastructures et chef de mission. Celle-ci a été suivie d’un partage des objectifs de la visite. La première localité visitée a été la commune rurale de Mané, à une trentaine de kilomètres de la ville de Kaya. Là, le centre d’intérêt fut un périmètre maraicher à partir d’un forage à gros débit de 3,5 ha de la coopérative Wend Panga de Mané qui regroupe 65 personnes dont 42 femmes et 23 hommes. Les cultures qui y sont produites sont la tomate et l’oignon.
Un deuxième site a été visité toujours dans la commune rurale de Mané dans le village de Moyiri où un bouli est en cours de réalisation. Ce bouli est une retenue d’eau à vocation pastorale (pour abreuver les animaux). Il a une profondeur de trois (03) mètres et un volume attendu de 27000 m3.
Au deuxième jour de la visite d’échanges, soit le 04 décembre 2021, la destination a été la commune rurale de Pibaoré, situé à 40 kilomètres de la ville de Kaya. Le premier site visité est celui du bas-fond réhabilité de Kaogo. Sur ce site, c’est la coopérative ZEMS-TAABA qui exploite ce bas-fond de 26 hectares aménagé en 2017 par le Projet Neer-Tamba. La coopérative compte 208 personnes dont 154 femmes et 54 hommes qui produisent du riz.
Le dernier site fut celui du périmètre maraicher avec puits de Niangré-Tansoaba toujours dans la commune rurale de Pibaoré. Cet aménagement réalisé en 2020 est à sa deuxième campagne de mis en valeur et utilise un système d’irrigation manuel (à partir d’arrosoirs). Avec une superficie d’un (01) hectare, il a bénéficié d’une extension de (02) hectares en cours de réalisation. C’est la coopérative SOUGRI-NOMA composée de 30 membres dont 20 femmes et 10 hommes qui y produit de l’oignon, des choux, des aubergines, du piment et du maïs.
La visite des différents sites a été régulièrement suivie d’une séance d’échanges avec les exploitants desdits sites et surtout avec les Comités de Gestion. Ces échanges ont été des moments privilégiés pour la mission venue du Tchad qui a découvert ce que réalise le Projet Neer-Tamba dans sa zone d’intervention.
Le lundi 06 Décembre 2021, l’équipe du Projet Neer-Tamba en compagnie de leurs hôtes du Projet RePER ont mis le cap sur Yako, la province du Passoré dans la région du Nord. La mission y a été reçue par le SG de la CRA du Nord dans les locaux de l’Association Solidarité et Entraide Mutuelle au Sahel (SEMUS) qui est un partenaire du Projet Neer-Tamba en charge de la mise œuvre des activités en lien avec l’Ingénierie Sociale. Une rencontre de prise de contact avec les cadres de la CRA du Nord, le PAMO du Nord, la DPAAHM du Nord et l’association SENUS, rencontre au cours de laquelle la mission a présenté les objectifs de sa visite d’échanges. Une présentation a été faite sur les activités de l’Ingénierie Sociale par M. DARGA Charles. Après des échanges très intéressés, le cap a été mis sur le village de Bissiga dans la Commune rurale de La-ToDen. La mission y a visité un bas-fond de type Plan d’Action pour la Filière Riz (PAFR) d’une superficie nette de 33,59 hectares exploité, qui a été aménagé en 2021. Le bas-fond est mis en valeur par 427 personnes dont 167 hommes et 260 femmes, qui y produisent du riz.
Après Bissiga, la mission s’est rendue dans la Commune rurale de Arbollé située à 43 kilomètres de Yako. C’est dans le village de Boulkon à 13 kilomètres de Arbollé que des sites aménagés en cordons pierreux, zaï et demi-lunes ont été visités. Un aménagement de digue filtrante a aussi été visité par la mission.
Après les visites de terrain, une restitution a été faite au sein de l’Unité de Gestion du Projet Neer-Tamba le mercredi 08 décembre 2021, par les membres de la mission.
Les appréciations des experts du RePER sur la visite d’échanges
Monsieur Isidore MBAIWANOUDJI, Responsable des Aménagements Hydro Agricoles et Infrastructures au sein du projet RePER et Chef de mission
Selon lui, la visite fut un grand succès, du fait que tous les centres d’intérêts ont été couverts. En effet, dit-il : « Nous avions pu visiter les aménagements pour les cultures maraichères équipées de systèmes solaires avec forages et avec puits. Les systèmes d’irrigation installés à savoir le modèle californien, le goute à goute et par aspersion, sont plus bénéfiques pour moi. Il en est de même pour les aménagements de demi lunes et de zaïs, les boulis ainsi que les digues filtrantes. Tous ces aménagements mis en place avec l’encadrement des producteurs constituent une réussite dans la logique de la pérennisation des investissements ».
Quant à la suite du partenariat entre le RePER et le Projet Neer-Tamba, il révèle qu’à la faveur de la présente visite, les bonnes pratiques du Projet Neer-Tamba vont être mises à l’échelle au sein du RePER d’une part. Les projets RePER et Neer-Tamba continueront à partager leurs savoir-faire respectifs, pour maintenir de façon pérenne la collaboration d’autre part.
Monsieur Mbaihakambei Roland DJEDION, Responsable des Systèmes de Production Agropastoraux.
Pour lui, la visite d’échanges lui a permis de tirer des leçons pour améliorer la mise en œuvre des activités dont il a la responsabilité. Il a également affirmé qu’à travers des ouvrages de récupération des eaux agricoles de bonne qualité, la valorisation des aménagements peut s’appuyer sur
- (i) la bonne structuration des exploitations de tous les sites en coopératives,
- (ii) l’intensification et la diversification des cultures, (iii) la tenue des comptes d’exploitation par les producteurs,
- (iv) la collecte systématique des données de production maraichère par des paysans relais,
- (v) la vente groupée des produits,
- (vi) la bonne gestion des terres par la pratique de la RNA et la couverture du sol avec les résidus de récoltes,
- (vii) l’augmentation des rendements du simple au triple par les techniques de zaï et de demi-lunes.
Il a enfin confié que toutes ces bonnes pratiques seront mises à échelle dans le Projet RePER.
Quant à la suite du partenariat, il dit souhaiter que les cadres du Projet Neer-Tamba visitent à leur tour le RePER afin de se familiariser avec les techniques d’exploitation qui y sont mises en œuvre.
Monsieur-Mbaihakambei-Roland-DJEDION
Kou Hamid KIRAM, Responsable Production et Valorisation Agricoles
A l’instar de ses deux collègues membres de la mission, il a affirmé que la visite d’échanges a été enrichissante. Pour sa part, le caractère transversal de l’ingénierie sociale développée par le Projet Neer-Tamba est un gage de durabilité des investissements. En outre, les aménagements DRS/CES entrepris par le Projet sont facilement répliqués par les producteurs. L’implication de la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) comme interface est un dispositif intéressant et prometteur dans le contexte de désengagement du Projet. Enfin, la maitrise des outils de conseil de gestion agricole par les producteurs facilite l’adoption des techniques agricoles résilientes performantes et moins coûteuses.
Pour lui, le partenariat entre le Projet RePER et le Projet Neer-Tamba est une bonne opportunité pour des partages d’expériences et pour la capitalisation des acquis des projets appuyés par le FIDA.
Tout comme le Projet Neer-Tamba, le RePER est financé par le Fonds international de Développement Agricole (FIDA).
L’objectif global du RePER est d’améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les revenus des ménages ruraux tout comme le Neer-Tamba. Le Projet RePER compte appuyer l’aménagement hydro-agricole de 8 000 hectares de culture de décrue, de 6 500 hectares de culture pluviale et de 500 hectares de culture maraichère en privilégiant, autant que possible, la méthode à haute intensité de main-d’œuvre (HIMO) afin d’optimiser la participation communautaire. C’est dans cette logique qu’il a planifié la présente visite d’échanges au Burkina Faso où les aménagements hydro-agricoles sont plus avancés, notamment la petite irrigation et les techniques de CES/DRS dans la zone d’intervention du Projet Neer-Tamba.
Caroline OUEDRAOGO, Responsable en Gestion des Savoirs et Communication
Annick Yasmine NIKIEMA, Stagiaire